La dette s'envole, les magistrats se divisent

par Jérôme Faas - Le projet de budget 2013 prévoit 150 millions d'investissements, soit 50 de plus que l'an passé. L'absence de Pierre Maudet a autorisé cette issue.«Deux écoles cohabitent au sein de l'Exécutif. Celle de la prudence et de la raison, que je défends; et l'autre, emmenée par Rémy Pagani, qui avance la nécessité d'investir afin d'assumer nos responsabilités en matière de d'entretien du patrimoine.» Ainsi s'exprime la socialiste Sandrine Salerno, conseillère administrative en charge des finances de la Ville, à l'heure d'expliquer la hausse vertigineuse des investissements que propose le projet de budget 2013 de la Ville de Genève: 150 millions de francs, contre 100 l'an passé et 95 voici deux ans. Si le Conseil municipal devait valider cette option, la dette, diminuée de 400 millions en six ans, recommencerait immédiatement à gonfler.

Déficit prévu de 23,2 millions

Le projet de budget 2013 présenté mercredi à la commission des finances - en l'absence du maire Rémy Pagani (Ensemble à Gauche), au grand déplaisir des élus - puis à la presse prévoit un déficit de 23,2 millions de francs. Il promet surtout une insuffisance de financement de 90,7 millions, soit un accroissement de la dette équivalent. Une provocation? Absolument pas, juge Sandrine Salerno, mais «le reflet de la tension entre deux camps».

Le poids accru de Rémy Pagani

En l'occurrence, l'absence de Pierre Maudet, élu au canton et qui ne sera remplacé qu'au soir du 4 novembre, pèse lourd. Sans lui, les magistrats débattent à quatre. Et en cas d'égalité de voix, c'est celle du maire qui est prépondérante.

Voici pourquoi la grande argentière municipale a insisté sur le caractère provisoire de ce projet de budget 2013. «Une partie de nos discussions politiques n'est pas figée. Nous avons largement le temps d'amender et de modifier les documents.» D'une part, les dernières estimations fiscales du canton tomberont à la mi-octobre. «Selon le Département cantonal des finances, il devrait y avoir une amélioration.»

Le cinquième magistrat très attendu

D'autre part, la magistrate attend la désignation du cinquième conseiller administratif. «Le collège a déjà prévu un espace de discussion avec elle ou lui début novembre». L'actuel rapport de force pourrait, alors, s'inverser. Quoi qu'il en soit, c'est au Conseil municipal qu'il reviendra de trancher. Les premiers élus croisés, en l'occurrence le PDC Jean-Charles Lathion et le PLR Olivier Fiumelli, jugeaient très négativement l'explosion des investissements.