Wednesday, March 13, 2013

Neuchâtel, nouveau haut-lieu du deal romand?

par Francesco Brienza - Le pouvoir judiciaire s’alarme: le trafic de cocaïne aurait pris «une ampleur considérable» en une année dans le canton. Le point avec Nicolas Feuz, procureur.– Qu’est-ce qui a concrètement changé en quinze mois?

– Le nombre de dealers provenant d’Afrique de l’Ouest a littéralement explosé. Leur style s’est radicalement endurci.

– C’est à dire?

– Avant, les trafiquants neuchâtelois écoulaient leurs doses à Lausanne ou à Berne. Mais la saturation du marché là-bas les pousse à rester dans le coin, alors que l’offre dé­passe largement la demande.

– Quelles sont les méthodes des dealers aujourd’hui?

– Elles sont très offensives. Ils n’hésitent plus à aborder les jeunes, à relancer, à insister. Même ceux qui n’ont jamais consommé sont approchés. Quitte à offrir gratuitement les premières boulettes...

– La situation est-elle encore sous contrôle?

– Le travail de la police est de plus en plus ardu. Je crains que si la lutte contre le trafic de drogues ne devient pas une priorité, Neuchâtel se trans­forme en «Riponne bis» (ndlr: place lausannoise sur laquelle convergent des toxicomanes).

– Et comment éviter l’escalade que vous craignez?

– Il faut durcir les peines prononcées contre les dealers pincés et se donner les moyens de les appliquer. Aujourd’hui, les prisons sont pleines, et on doit remettre les trafiquants dans la rue: c’est intolérable. Les travaux d’intérêt général? Ils n’ont aucun effet: ces dealers viennent en Suisse expressément pour vendre de la coke.

– Expliquez-vous...

– Arrêtons d’être naïfs ou hypocrites. La plupart des trafiquants que nous avons arrêtés l’an dernier étaient au béné­fice de permis de séjour en Espagne, en Italie ou au Portugal. Ils sont davantage réfugiés économiques que demandeurs d’asile.

0 comments:

Post a Comment