Initiative lancée
Face au dépôt de la motion PLR soutenue par une partie de la gauche, l'UDC avait annoncé récemment qu'elle lancerait une initiative populaire pour arriver à ses fins et interdire la mendicité. Sans perdre une minute, le parti a diffusé dans la foulée de son échec devant le Grand Conseil un communiqué annonçant son action pour laquelle elle devra recueillir plus de 12'000 signatures.
Durant presque toute l'après-midi, les députés ont avancé leurs arguments sur la mendicité, lâchant parfois des attaques très vives contre l'UDC. Pour Vassilis Venizelos, chef du groupe des Verts, le parti agrarien fait de la mendicité «son fonds de commerce», alors que «tendre la main n'est pas répréhensible». Les Roms sont «des cibles faciles» et vouloir interdire la mendicité ne fait que cacher «une certaine misère intellectuelle et affective».
«Beurre électoral»
Son collègue de parti Raphaël Mahaim en a rajouté, en réagissant avec «ses tripes». «L'UDC cherche à faire son beurre électoral avec des gens dans la précarité», a-t-il déclaré en qualifiant le débat «d'écoeurant». Les attaques n'ont pas laissé indifférent.
L'UDC Jean-Luc Chollet, particulièrement en colère, a rétorqué. Il a fustigé «l'hypocrisie à coups de 2 francs par jour» qu'on ne «supporte plus». Il a dénoncé ceux qui n'apportent aucune solution et «maintiennent le système» de la mendicité par leur inaction. «Vous n'avez pas le monopole des tripes, ni celui du coeur», a lancé Jean-Luc Chollet.
Débats «ad nauseam»
Outre ces passes d'armes, seule La Gauche s'est déclarée hostile aux deux motions en discussion. «On ne mendie pas par plaisir» a affirmé Jean-Michel Dolivo, en jugeant «pathétique» la multiplication des débats sur la mendicité. Si les socialistes ont refusé d'interdire, ils ont clairement laissé entendre que la motion Blanc devait être traitée en commission.
«Une majorité est ouverte à la discussion», a noté Nicolas Rochat, chef du groupe socialiste, en insistant sur la notion d'exploitation de la misère humaine. Il a fait référence à «l'assez bon compromis» obtenu à Lausanne où un équilibre entre interdiction totale et laisser-faire a finalement été trouvé.
Déjà des interdictions
Ce qui est «bon pour Lausanne est bon pour le canton», a jugé le PLR Pierre Grandjean, surprenant pas mal de monde vu les relations souvent très tendues entre le chef-lieu et le reste du canton. Aujourd'hui 26 communes vaudoises ont déjà interdit la mendicité, a relevé la conseillère d'Etat Béatrice Métraux, réclamant de la part du Grand Conseil «un signe» qui permette au gouvernement d'orienter son travail.
Cherchant à élever le débat, le socialiste Denis-Olivier Maillefer a affirmé que mendier était «un geste universel, synonyme d'aumône et rappelant les valeurs chrétiennes». Il a déploré «un manque de générosité et de coeur» de la part de personnes «confites dans leurs certitudes». «C'est une société pauvre qui interdirait la mendicité. Ça doit rester un geste possible.»
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